Lumière bleue, soufre, lac acide : bienvenue sur le fantastique Kawah Ijen !

26/08/2014 – Transfert vers Banyuwangi

Nous partons vers 9h00 de Cemoro Lawang, après un dernier regard déjà nostalgique vers la magnifique caldeira volcanique, tellement belle le matin… C’est certain, on pourrait rester une semaine aux côtés du Bromo ! Nous prenons ensuite le train de 11h00 à Probolinggo (classe business) qui doit nous transporter jusqu’à Banyuwangi, à l’extrême Est de l’île de Java. L’arrivée théorique est prévue à 15h20, nous arriverons finalement à 17h00, sans vraiment savoir pourquoi, mais c’est souvent ainsi les trains en Indonésie… Un rapide trajet en taxi et nous arrivons à l’hôtel (Ritansa Roebuck hotel) où nous essayons d’organiser la journée du lendemain. Après quelques recherches auprès de l’accueil et dans la rue, nous nous retrouverons chez un vendeur de pneus (ou garagiste) qui s’avère être aussi un chauffeur pouvant nous emmener au volcan (a priori tout le monde s’instaure chauffeur ici histoire d’arrondir ses fins de mois). On ne risquait pas de le trouver de nous-même celui là ! Nous dinons ensuite à l’hôtel et nous couchons au plus tôt car la nuit sera très très courte…

27/08/2014 – A l’attaque du Kawah Ijen

Le Kawah Ijen est un volcan célèbre dans le monde entier, situé tout à l’Est de l’ile de Java. Sa renommée est principalement due aux porteurs de soufre qui descendent chaque jour dans le cratère pour ramener le précieux minerai jaune, mais depuis quelques années seulement, un autre phénomène attire les « masses » : du feu bleu surgit chaque nuit à la base du cratère (il existait avant, mais a été popularisé depuis peu, suite notamment à la venue de Nicolas Hulot pour son émission Ushuaia). Cette lumière est due à un dégazage à très haute température et très concentré en soufre, visible uniquement au cœur de la nuit, jusqu’au lever du soleil. Au cœur du cratère se trouve également le plus grand lac acide du monde, et le deuxième lac le plus acide, avec un ph d’environ 0,2 ! Autant vous dire que nous n’y avons pas piqué une tête…

Voici les principales étapes de cette journée mémorable :

00h15 – Le réveil sonne. Dur dur de se lever alors que nous ne dormons que depuis quelques heures. On prend tous nos pulls, nos coupe-vent et on descend voir si notre chauffeur est bien là.

00h45 – Le chauffeur est là (ouf), nous emportons les boites petits-déjeuners encore chaudes que nous a préparées l’hôtel et partons dans notre gros 4×4.

01h45 – Après 1h de route dans le noir total, nous nous arrêtons au parking situé à 1 850 m d’altitude, point de départ pour l’ascension du volcan. Nous sortons nos lampes torches et allons directement à la caisse pour le paiement du droit d’entrée (encore une taxe à payer dont on ne connaît pas l’utilité…). Nous nous engageons ensuite dans la nuit noire vers le chemin, mais après quelques pas, nous nous demandons si finalement nous n’aurions pas du accepter qu’un guide nous accompagne (après tout, on part quand même vers on ne sait quoi, dans le noir total, avec un enfant de 7 ans…). Nous redescendons donc quelques mètres pour prendre un des porteurs de soufre comme accompagnateur.

02H00 – Nous commençons la montée, sur un chemin de 2m de large et plutôt facile. Il en sera ainsi jusqu’à l’arrivée au cratère, avec 1/3 de plat, 1/3 de grosse montée, et 1/3 d’alternance de plats et de montées. Le guide nous explique un peu son quotidien de porteur, et nous indique qu’il pourra porter Clément si c’est nécessaire. En effet, il a l’habitude de transporter plus de 75kg de soufre, 2 fois par jour et sur terrain accidenté ! Tout ça pour être payé maximum 1 000 IDR par kg (petit rappel : 1€=15500 IDR), soit vraiment pas beaucoup compte tenu de l’effort fourni. Cependant, il faut bien comprendre que les porteurs de soufre ne sont pas des esclaves mais bien des volontaires, prêts à travailler dans ces conditions difficiles pour finalement gagner bien plus qu’un paysan. Par contre, ils ne doivent pas avoir une espérance de vie très importante, ces gens-là…

03h30 – Arrivée à la « terrasse d’observation », vers 2 300m d’altitude. Il s’agit en fait du point de départ de la descente vers le cratère qu’utilisent les porteurs pour aller chercher le minerai. Une petite barrière de quelques mètres de long a été mise pour éviter les chutes et un panneau indique qu’il est interdit de descendre. De cet endroit, nous pouvons contempler les incroyables lumières bleues, même si elles sont un peu loin de nous. Clément est bien content, car il attendait de voir ces lumières depuis qu’on lui en avait parlé quelques semaines auparavant. Alex descend ensuite avec le guide dans le cratère (contre un billet de 100000) et Clément n’est pas content du tout de ne pas y aller. Mais hors de question de descendre un enfant en bas car 1. Cela peut-être risqué si le vent rabat le nuage toxique vers nous 2. La descente est assez technique et très pentue.

03h50 – Arrivée en bas du cratère. Beaucoup de monde descend, frôlant parfois l’embouteillage. Certains portent des masques chimiques, d’autres des masques de chirurgien et d’autres rien (comme Alex). Vu leur façon de descendre, certains prennent plus de risques en marchant sur le terrain glissant qu’avec les fumées, à se demander ce qu’ils font là… Une fois en bas, le spectacle est assez irréel, avec ses flammes bleues électriques qui ne semblent pas du tout naturelles et l’impression d’être sur une énorme bonbonne de gaz réglée sur feu doux… Le nuage toxique est gigantesque, impressionnant, et bien heureusement le vent le repousse dans la direction opposée, vers le lac. Les porteurs de soufre sont déjà en action, ils cassent le minerai à coup de pied de biche, avant de le retailler afin de le remonter dans leurs paniers. A sa formation, le soufre est de couleur orange foncé, un peu translucide. Il deviendra jaune vif en haut du cratère, le temps qu’il refroidisse. Nous nous rapprochons au plus près des flammes quand soudainement le vent change de sens et les fumées nous arrivent dessus. Tout de suite, la sensation est beaucoup moins agréable, avec une impression de brûlure dans les yeux, de picotement dans le nez, et d’inflammation de la gorge. Bien heureusement, cela ne durera pas et nous pourrons remonter sans souci pour aller voir le lever du soleil, au sommet du volcan.

04h30 – Alexandre et le guide retrouvent Eloïse & Clément, blottis l’un contre l’autre dans le noir absolu (il fait frisquet à cette altitude la nuit…). Tout va bien, Clément est rassuré que tout le monde soit de nouveau réuni, et nous pouvons commencer la montée vers le sommet du cratère, à 2 386 m. La montée n’est pas technique, mais marcher sans savoir ce qu’il y a à un mètre de nous n’est pas toujours très rassurant, surtout lorsque l’on sait ce qui se trouve tout en bas…

05h00 – Arrivés en haut, nous attendons le lever du soleil avec quelques dizaines de personnes. Lorsque le temps le permet, il est possible de voir la mer et Bali, nous ne verrons que de la brume. Le spectacle est tout de même sympathique, même si cela ne restera pas le plus beau lever de soleil que nous aurons vu.

05h30 – Le soleil est levé, nous décidons de nous balader le long du cratère. Ce que l’on ne voyait pas de nuit s’avère être une crête assez impressionnante, le long d’une paroi vertigineuse donnant directement sur le lac acide. Alexandre adore, Eloïse commence à avoir le vertige et ne prendra donc plus vraiment de plaisir à partir de là (il faut dire que tout le chemin donne sur du vide…). Clément n’a pas peur, même s’il ne fait pas toujours le fier. Nous devons le canaliser un peu, car l’endroit reste assez dangereux et ne laisse pas de place aux bêtises. Eloïse a quant à elle commencé à redescendre pour ne pas s’attarder dans cet endroit totalement hostile pour elle.

06h30 – Descente vers la « terrasse » d’observation et récupération d’Eloïse

07h00 – Observation du cratère. De jour, le spectacle est bien différent de celui de nuit et ses lumières bleues, mais pas moins spectaculaire. Les dégagements de fumées sont bien visibles, de même que le lac.  Les porteurs de soufre sont plus nombreux, et ils doivent zigzaguer entre les touristes, certains ne se déplaçant même pas d’un cm pour les laisser passer. Le paysage est lunaire, car aucune végétation ne pousse autour des fumées, terrassée par leur nature toxique et leur acidité. On sent bien l’hostilité de l’endroit envers l’homme, mais la vue est sublime et envoûtante.

07h30 – Début de la descente retour. Il est temps de redescendre, cela fait déjà 7h que nous sommes partis, nous en avons bien profité même si certains auraient pu rester encore des heures sur place. Ce que nous n’avons pas vu à l’aller s’avère être un paysage de toute beauté, en opposition totale avec les alentours du cratère, peuplé d’arbres et de fougères dans tous les sens, de volcans en toile de fond et laissant apparaître au loin les nuages qui sont plus bas que nous. De nombreux arbres, les plus haut semblent-ils, ont été apparemment brulés, peut-être les fumées toxiques du volcan sont-elles passées par là… Nous profitons pleinement de cette nature fantastique, et nous nous rendons compte du long trajet parcouru de nuit (3,5 km tout de même !) et surtout de l’inclinaison de la pente qui est parfois assez impressionnante. Sur le trajet, nous ramassons quelques morceaux de soufre en souvenir, qui prendront place dans un prochain colis vers la maison. Au bout d’une longue heure, nous commençons à en avoir plein les pattes quand enfin le parking apparaît, au grand soulagement de toute la famille !

08h30 – Fin de la marche, nous sommes revenus au parking, 6h30 après en être partis. Ouf, le chauffeur est toujours là et nous pouvons repartir en direction du lit… De nouveau, ce que nous n’avons pas vu à l’aller s’avère être une nature exceptionnelle, les flancs du volcan étant recouvert d’une jungle splendide (nous croiserons d’ailleurs un singe), puis nous traversons des plantations magnifiques de caféiers, bananiers et girofliers. Ces derniers sont utilisés pour la production de clous de girofle et dans la fabrication des Kreteks qui sont les cigarettes à l’indonésienne, mélange de tabac et de feuilles de girofliers. Nous aimerions bien rester quelques heures à marcher dans ces plantations, mais l’appel du lit est trop fort et nous rentrons à l’hôtel.

09h45 – Arrivée à l’hôtel. Nous sentons le soufre (donc l’œuf pourri), une douche s’impose et nous nous couchons enfin pour un repos au combien mérité !

Le Kawah Ijen se mérite, encore plus avec un enfant, mais le volcan est fantastique et il aurait été dommage de s’en priver. Nous sommes heureux de l’avoir fait en famille, ce sera à coup sûr un des merveilleux souvenirs de notre voyage !

13 comments to Lumière bleue, soufre, lac acide : bienvenue sur le fantastique Kawah Ijen !

  • Alizée

    Bonjour, Quelle belle aventure et beau récit !
    Je me permet de vous poser une question. Nous serons en Indonésie en été avec des enfants de 5 et 9 ans. Y a t il des restrictions d’age ? Pensez vous que cette excursion est faisable avec un enfant de 5 ans ?
    Merci
    Alizée.

    • Bonjour
      Tout dépend ce que vous souhaitez faire, car l’Indonésie est grande et variée.
      Les seules limites sont généralement celles que se fixent les parents.
      Attention surtout à la circulation des 2-roues dans les villes et donc de surveiller les enfants en bord de route.
      Sinon pas de souci particulier je pense

  • Jamila

    Les photos sont vraiment magnifique merci pour ce partage.

    J’ai une QUESTION SVP : Etes vous descendu dans le cratère avec votre fils ?

    Je compte m’y rendre cet été avec des enfants de 10 et 11 ans, pensez vous que la descente dans le cratères soit adaptée pour des enfants ?

    Avec mes remerciements d’avance.

    • Bonjour Jamila

      Je suis le seul a être descendu au fond du cratère, ma femme et mon fils (7ans) sont restés au palier. Je pense que ce n’est pas sérieux de faire descendre les enfants car il suffit d’un changement de sens du vent et les vapeurs toxiques vous foncent dessus. Déjà que ce n’est pas agréable pour les adultes, pour les enfants je pense que c’est simplement dangereux. De plus, je ne suis pas certain que les porteurs acceptent de faire descendre les enfants.
      Il n’empêche que Clément a adoré, même s’il n’est pas descendu tout en bas. L’ascension en plein nuit à la lampe torche, le levé de soleil en haut du cratère, la rencontre avec les porteurs, … bref on ne le voit qu’une fois dans une vie !

      En espérant que cela réponde à votre question
      Alexandre

  • Les 4S

    Waouh, on va aller faire un tour en Indonésie. On ne l’avait pas mis au programme, mais on va se rattraper !
    Vos photos sont superbes ! Continuez !!!

  • Marie-Christine

    Quelle aventure !! impressionnant; j’ai les yeux qui piquent
    Clément, tu es un véritable aventurier , je suis fière de toi.
    Merci pour ces belles photos

  • maïa

    Cette balade m’a epuisée!!! Je retourne me coucher :-D
    Merci bcp ca fait rever!!

  • maite

    quel courageux Clément !au moins tu n’as pas le vertige mois sûr je l’aurai comme Éloïse: mais tes yeux d’enfant ont bien enregistrés ces belles couleur dur dur de se lever très tôt mais cela en valait le coup pour vous et pour nous à l’occasion alors on attend la suite avec impatience bisous à vous trois =D

  • Superbes… Nous n’avons pas vu ces magnifiques lumières bleues… peut-être lors d’un prochain TDM !!
    Bravo à vous tous (surtout à Clément!) pour cette randonnée de nuit car pour l’avoir faite de jour c’était déjà bien difficile… Bonne continuation sur Bali… à bientôt.
    La Haule Family

  • C’est magnifique.
    Un peu risqué quand même mais que de bons souvenirs.
    Ca donne vraiment envie.
    Bravo ;-)

  • Marine

    Merci pour ces images fantastiques et ce recit de voyage. Merci de nous faire partager votre aventure. Merci du plaisir de vous lire. Merci de prendre un peu de nous dans vos bagages. Merci merci merci
    bisous a tous les 3

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